vendredi 22 février 2008

Plus de tango !

Qui a dit que je serai frustrée du tango ce soir juste parce que je ne peux pas aller danser... ?
petit commentaire d'un tango pour le moins hors du commun... du coup, bien sûr, on aime ou on n'aime pas.... regardez plutôt :

http://www.youtube.com/watch?v=q4zeyMq1q7s&feature=related

Bien !
C'est du "tango nuevo", assimilé tel, non pas par les pas... orthodoxes ici, mais davantage par le style et... Gorillaz... (et la tenue pour le moins sexy de la belle Mariana).

Les puristes hurlent à ce moment-là parce que ça ne correspond pas à l'image qu'on a traditionnellement du tango. Il est vrai que ces partis pris peuvent choquer.

Au-delà de cela, ce qui est particulièrement intéressant sur cette vidéo, c'est qu'au vu de la tenue de Mariana, on ne peut pas ne pas regarder ses jambes tout le temps, il doit y avoir une loi organique, quelque chose, le contraste des couleurs, le regard est mesmérisé quoi qu'il en soit. cela permet de voir la précision extrême de ses pas. Ils ne font rien de particulièrement difficile en soi... mais ils le font avec une précision chirurgicale que je trouve relativement impressionnante tout de même.

De plus, Gorillaz a cela de pratique qu'il faut être sourd ou complètement obtus pour ne pas entendre le rythme : tam... tamtamtaaamtam-tam...tamtamtaaaamtam... c'est quarante fois plus simple que sur une chanson de tango où le ryhtme est plus subtil, plus fondu dans le corps des instruments. il domine ici, pour un peu, c'est le coeur de la chanson. il n'en reste pas moins qu'il est composé de temps et de contre-temps... cela permet d'observer le jeu dont ils sont l'objet en tango, et qui en fait tout le sel, la beauté, la complexité, et la difficulté extrême. Sébastian marque parfois le temps, parfois le contre-temps, ce qui donne une alternance de pas lents, avec des pas brefs, rapides. Mariana n'a aucun moyen de savoir quand il va suivre l'un ou l'autre... c'est là tout le talent du guidage (et de l'écoute pour elle...). et c'est ce qui fait que la danse qu'ils improvisent ici, qui a l'air de rien parce qu'au niveau des figures, elle est relativement accessible, pas aux débutants, mais aux danseurs intermédiaires... se révèle en fin de compte d'une grande complexité.

D'où le paradoxe de la critique qu'on peut souvent voir de ces partis pris "nuevo", on dévoie le tango... certes, musicalement peut-être, mais... il n'y perd rien, la quintessence la danse est toujours là. Il n'y a pas basculement dans la facilité. La danse qu'ils font reste une danse difficile, accessible uniquement aux bons danseurs parce qu'elle est extrêmement subtile. c'est une danse libre, de création pure... alors certes, on connaît les figures (on, les femmes qui doivent suivre le guidage, on, les hommes qui guident des figures ouvertes où la femme choisit la sortie et ils s'adaptent...), mais on ne sait pas forcément quand, on ne sait pas quel va être le rythme dominant, le changement de rythme se fait sur un pas, sans préavis, parce que c'est fondamentalement une danse d'improvisation. d'où sa réputation méritée - certes, ça me fait plaisir de dire cela... mais j'en ai fait et j'en fais encore parfois largement les frais... - de danse de couple la plus difficile...

Mais quel sentiment d'accomplissement... ! Que de création... ! Que de beauté ...! Que de plaisir !

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