dimanche 21 juin 2009

The Abstinence Teacher


La couverture de ce livre de Tom Perrota laisse attendre un livre léger, drôle, décalé. Dès les premières pages il se montre tout différent. Il se présente comme l'histoire des déboires de Ruth, une divorcée d'une quarantaine d'années qui enseigne l'éducation sexuelle dans un collège de la côte est, et de Tim, divorcé, remarié, born again. Je m'attendais à quelque chose du ton de "Teeth", chroniqué ici l'an passé.

En réalité, Ruth manque de perdre son job pour refuser, par intégrité intellectuelle, d'enseigner aux gamins que la seule voie vers l'âge adulte et le mariage, c'est l'abstinence, et de faire à nouveau tomber la condamnation morale de l'église sur des actes naturels. À nouveau, même, "y penser", devient suspect. Tout commence, pour elle, quand une gamine lui demande son opinion sur les pratiques orales , selon elle équivalent à lécher une cuvette de toilettes. Ruth lui fait une réponse honnête, prudente, lui exposant les risques pour la santé, lui rappelle qu'elle seule doit décider dans ce genre de situation, et conclue par "some people enjoy it". Honnête. Sauf qu'évidemment, quand une église de born again vient d'ouvrir à côté, ça passe très mal, il aurait sans doute fallut menacer la petite des feux de l'enfer. Peu à peu un comité se constitue autour de Ruth pour l'aider, la conseiller. Peu à peu Ruth en devient malade d'être déchirée entre ses convictions personnelles, le sentiment qu'elle doit l'honnêteté à ses élèves, l'impression d'un grand retour en arrière balayant les acquis des années 1970, et le désir de garder son job pour ses deux filles.

Dont l'une, d'ailleurs, se découvre l'envie d'aller à l'église du coin. L'effet des amies qui y vont, et de cet entraîneur de sport, Tim, le born again, qui a la fin d'un match a voulu les réunir toutes en prière pour remercier Dieu de leur victoire... Tim est un ancien alcoolique et drogué, un guitariste de rock dont les excès ont fini par lui coûter son mariage, et la garde de sa fille. Depuis, il a trouvé Dieu. L'idée que Dieu lui pardonnait, qu'il n'était plus seul, que s'il replongeait, il décevrait Dieu l'a aidé. Il a rencontré un pasteur très impliqué dans le bien-être de ses ouailles, qui lui a fait rencontré la douce et très pieuse jeune femme avec laquelle il se remarie, mais qui se trouve vite d'une passivité insoutenable. Son ancienne femme était invivable, et elle lui manque. Il la désire chaque dimanche quand il la croise en ramenant sa fille chez elle. A la maison l'attend en effet une épouse convaincue qu'elle est sur terre pour plaire à son mari. Elle est donc accommodante au possible, au point qu'il en est insupportable d'ennui qu'elle se plie à tout, comme si elle n'était pas vraiment là, comme si cela ne la touchait pas vraiment. Tel semble en effet le lot de ces born again ici, ils sont encore en vie et semblent déjà vivre dans le coton de la béatitude céleste, plus rien n'atteint leur sourire Colgate que la satisfaction de convertir une autre personne ou de pardonner. Vivre en chrétien a vaguement l'air d'une drogue à les voir.

L'auteur a l'intelligence et la finesse de ne pas attaquer ce monde de front, de ne pas céder à la critique acerbe, au sarcasme, à l'ironie. Il se place du côté de Tim, aussi, au risque de rendre le livre insupportable parfois pour qui ne croit pas, ou est carrément contre la religion. Mais en faisant cela, il se livre à un discret travail de sappe de l'intérieur : le monde est comme cela aujourd'hui, oui, mais regardez comme c'est pernicieux, regardez comme cela n'est pas la solution miracle à la vacuité, à l'absence de sens quz vous croyez lire dans votre vie. Regardez si finalement il est si gratifiant de faire le bien parce qu'on se pense devoir le faire, plutôt que par conviction profonde. Tim a arrêté de boire, de se droguer, parce qu'il pense que c'est ce que Dieu attend de lui. Et un jour ce n'est plus assez. Un jour c'est trop dur d'être parfait, de prétendre que tout va bien dans la paix de Dieu, qu'il n'y a aucune raison d'être malheureux. Un jour, cela ne suffit plus, et il doute que Dieu s'intéresse si particulièrement à lui, et le lecteur voit s'esquisser l'ombre réjouissante de la libre pensée : Tim ne boit pas parce qu'il n'en a plus envie, et non plus par crainte du pasteur.

Le livre n'a pas de happy end, l'église ne plie pas bagage, et l'obscurité est en bonne position pour gagner du terrain, réinstaurer les névroses du moyen-Age, qui se masturbe finira sourd, si vous péchez avant le mariage, vous êtes impurs, corrompus, et méritez l'enfer. Le livre n'est pas rassurant sur ce point-là, et il a raison, parce que c'est ce qui se passe outre - Atlantique, il serait hypocrite de prétendre que tout va bien...

Voici un extrait du début, très fin. Il montre tout le danger de la situation actuelle, le pouvoir de séduction de ces églises, la difficulté de s'y opposer :

Ruth wasn't sure what kind of spokesperson she'd been expecting, but it certainly wasn't the young woman who took the stage after a warm welcom from Principal Venuti. The guest speaker wasn't just blond and pretty; she was hot, and she knew it. You could see it in the way she moved towards the podium - like a movie star accepting an award - that consciousness she had of being watched, the pleasure she took in the attention. She wore a tailored navy blue suit with a knee lenght skirt, an outfit whose modesty somehow provoked curiosity rather than stifling it. Ruth, for example, find herself squinting at the stage, trying to decide if the unusually proud breasts straining against she speaker's silk blouse had been surgically enhanced.
"Good afternoon", she said. My name is JoAnn Marlow, and I'd like to tell you a few things about myself. I'm twenty-eight years old, I'm a Leo, I'm a competitive ballroom dancer, and my favorite band is Coldplay. I like racquet sport, camping and hiking, and going for long rides on my boyfriend's Harley. Oh, yeah, and one more thing: I'm a virgin."
She paused, waiting for the audience to recover from a sudden epiphany of groans and snickers, punctuated by shouts of "what a waste!" and "not for long!" and "I'll be gentle!" issuing from unruly packs of boys scattered throughout the auditorium. JoAnn didn't seem troubled by the hecklers; it was all part of the show.
"I guess you feel sorry for me, huh? But you know what ? I don't care. I'm happy I'm a virgin. And my boyfriend's happy about it, too".
Somebody coughed the word "Bullshit", and pretty soon half the crowd was barking into their clenched fits. It got so bad that Principal Venuti had to stand up and give th evil eye until they stoped.
"You probably want to know why I'm so happy about something that seems so uncool, don't you ? Well, let me tell you a story."
The story was about a carefree girl named Melissa whom JoAnn had known in college. Melissa slept around, but figured it was okay, because the guys always used condoms. One night, though, when she was having "safe sex" with this handsome stud she'd met at a bar - a guy she didn't know from Adam - the condom just happened to break, as condoms will.
"The guy looked healthy", JoAnn explained. "But he had AIDS. Melissa's dead now. And I'm alive. That's reason number one why I'm glad to be a virgin".
It turned out JoAnn had a lot of reasons. She was happy because she'd never got gonorrhea, like her friend, Lori, a straight A student who didn't realize she was sick until prom night, when she discovered a foul puslike discharge on her underwear; or the excruciatingly painful Pelvic Inflamatory Discharge suffered by her ex-roommate, Angela, who'd let her chlamydia go untreated, and was now infertile; or herpes, like her old rock-climbing buddy, Mitch, who couldn't walk some days because of the agony caused by the festering sores on his penis; or hideous incurable genital warts like her otherwise-cute-as-a-button neighbor, Misty; or crabs, which were not actually crabs but lice - real live bugs ! - having a party in your pubic hair, like they'd done to her ex-dancing partner, Jason.
(...)
It was a standard-issue Abstinence Ed, in other words - shameless fear-mongering, backed up by half-truths and bogus examples in inflammatory rhetoric - nothing Ruth hadn't been exposed to before, but this time, for some reason, it felt different. The way JoAnn presented this stuff, it came accross as lived experience, and for a little while here - until she snapped out of her trance and saw with dismay how easily she'd been manipulated - even Ruth had fallen under her spell, wondering how she'd ever been so weak as to thinking it might be pleasant or even necessary to allow yourself to be touched or loved by another human being.

En contre-point, cet article du New York Times en date du 18 juin 2009 sur l'augmentation des grossesses non désirées chez les jeunes :
http://www.nytimes.com/2009/06/18/opinion/18thu4.html?_r=1&scp=1&sq=sex+education&st=nyt
Evidemment, qui dit grossesse non désirée en croissance, implique également une augmentation de la transmission des MST, vu qu'on leur dit que les préservatifs sont forcément amenés à casser "the condom just happened to break, as condoms will".
C'est de la désinformation, c'est rétrograde et criminel. Physiquement, moralement, les préjudices de tels partis pris sont incommensurables. Vive l'obscurantisme !


dimanche 14 juin 2009

Déclaration d'amour à la BNF

Ce n'était pas gagné d'avance...
En règle générale, jusque là, je hais les bibliothèques. Universitaires. Pas les bibliothèques municipales. D'aussi loin que je me souvienne, ma mère m'emmenait toutes les trois semaines au minimum à notre bibliothèque changer notre stock de 6 livres. J'adorais y aller. Renifler les livres, regarder leur converture, découvrir le titre qui allait m'attirer. Parfois vouloir plus de livres que je n'en pouvais prendre. Parfois incapable d'en trouver 6. Parfois les finissant en deux semaines, parfois n'en ayant ouvert que deux. Avec souvent, le problème, quand on en a lu un qui était vraiment excellent, de lire n'importe quel autre livre quand il n'y a que celui-ci seul qu'on veut lire, encore, sans le vouloir relire ...
Le jour où je fus (enfin!) admise à la section adulte fut un grand jour pour moi !

Puis je découvris les CDI, et leur entêtée bonne conscience d'eux-mêmes. Tels livres n'y sont pas, tels livres sont réservés à tel niveau, tel ci, et tel ça, et vous devriez lire cela. Vous devriez, allez vous êtes censé... résume pour moi toute ma haine des bibliothèques universitaires et scolaires. Vous êtes censés vous taire - soit, je suis bien d'accord, m'enfin, avec le troupeau de sauvages que représente une meute de lycéens pour un rat de bibliothèque comme moi... Et puis au lycée, il ne s'agit jamais des livres, il s'agit de la pose sociale à adopter avec le livre, tel livre, telle façon de s'asseoir, de se tenir. Le CDI est un lieu de représentation. La fac ne change guère, n'était-ce que cette fois, vous devez faire deux choses, donner l'air et tout de même accomplir une certaine quantité de travail, ce qui fait que bien souvent on perd plus de temps qu'on en gagne.

J'ai recensé les inconvénients majeurs des bibliothèques universitaires que j'ai pu fréquenter, en gardant à l'esprit que la seule chose positive qui s'y trouve en général est son personnel, agréablement sympathique et serviable, et que les défauts que j'y vois ne sont bien souvent le fruit que de ma propre particularité au sujet des bibliothèques.

- il fait toujours trop chaud (Ascoli) ou trop froid (La Sorbonne).
- on est toujours mal assi (table trop haute en Ascoli), (truc absurde pour les pieds en Sorbonne), (sans parler des chaises pour les deux).
- au calme ? où avez-vous vu du calme ? Les gens passent leur temps à tapoter sur leur clavier, à soupirer, à écouter leur mp3, envoyer des sms, se parler, et pire, circuler... les kilomètres qui se marchent en bibliothèques...
- il n'y a jamais assez de place (dans la bibliothèque Ascoli tout court de toute façon), (sur les tables en Sorbonne). Pas moyen de travailler décemment là-dessus.
- le temps d'avoir les ouvrages... j'ai le temps de m'endormir, vu que les problèmes de température m'assoupissent. De 20 minutes à une demi-heure en Sorbonne. Je ne doute pas qu'il y a une infrasctruture qui le justifie, mais cela me décourage déjà d'y aller.
- ça change tout le temps. Ils ont une manie de changer constamment les choses de place à la Sorbonne, sans doute pour me désorienter (facile, vu que j'y vais 3 fois l'an).
- on n'est jamais tranquille, on finit toujours par tomber sur quelqu'un qu'on connaît. Quand je veux travailler, je ne veux pas être polie, et quand je veux travailler, je ne veux pas me sentir obligée d'avoir à en donner l'air.
- la pression sociale justement. Il faut travailler. Là, maintenant, précisément, cent, cinq cent autres personnes sont là à bosser autour de vous, c'est ce qu'on attend de vous, prenez l'air d'être dans une bibliothèque, réalisez votre essence d'étudiant en bibliothèque...
Personnellement, je ne peux pas. ça me coupe l'envie, ça me fait dormir, ou ça me met en rage. De plus avec tout le spectacle des étudiants autour de moi, impossible de me concentrer cinq minutes d'affilée. Trop de petits spectacles partout.


Alors la BNF, la bibliothèque des bibliothèques françaises, je n'avais que des a priori - négatifs évidemment - dessus.
Déjà, avoir la recommandation fut difficile, ensuite, sur leur site, ils marquent dix jours d'attente entre la pré-accréditation et l'entretien. Là, je piquai une crise de rage noire qui m'empêcha complètement de dormir la veille - toute l'absurdité de notre administration française tenait pour moi dans ces dix jours...
Le lendemain, j'y allai épuisée, donc me trompai d'arrêt, arrivai par le côté ouest pour entrer à l'est - que de kilomètres à faire à talon aiguilles sur les lattes de bois spéciales - attrape-talon de la BNF. Un cauchemar.

Je finis par arriver au Service d'Orientation des lecteurs. Pas d'attente. Je fais ma carte. Je réalise après coup que c'était là mon entretien, ce que j'avais pris pour une discussion charmante avec l'ancienne prof de lettres en face de moi. Du reste, elle m'a tout de même enterrée sous les dépliants pour la journée, mais avec tant de serviabilité et de gentillesse. Je n'ai guère l'habitude d'être si bien traitée en ce genre de lieux. Première bonne impression.

Deuxième, ma petite carte toute neuve et moi passons les portiques vers les niveaux jardin. Passer les lourdes portes de métal, avec leur parfum d'exclusivité, ne lassa pas de me faire éprouver un petit frisson jubilatoire. Descendre ensuite les longs escalators, dans la Tour des Lois, avec les murs si gris et sobres, les boiseries brun doré foncé. Sobriété et élégance. Nouveaux portiques vers le Rez de Jardin ensuite. Encore un peu plus d'exclusivité. La magie commence à opérer, je me sens privilégiée de pénétrer si avant dans le coeur de la BNF, et le jardin - oasis au centre ne fait que renforcer ce sentiment. Je suis en salle U, je la cherche, entreprends de commander mes livres, ce qui me permet une fois de plus d'éprouver la serviabilité du personnel.


Et là, surprise délicieuse... je dois travailler dans la réserve des livres rares... le sein des seins. Une salle suspendue au-dessus de la salle T, protégée du jour, où l'on entre en sonnant, comme à la banque. La salle Y est plus stricte (on écrit qu'au crayon à papier), mais plus indépendante également. Elle se fiche éperdument de quelle place l'ordinateur vous y a assigné, aussitôt entré, vous héritez de la place qui va avec votre trousseau de clefs, et oui, celles de votre casier. On ne promène pas ses affaires partout là, et j'avoue que le casier a son charme - ne serait-ce que la garantie que maintenant au moins on aura la paix avec les portables. Et il y a peu de monde... peu de monde ! Et le peu de monde qu'il y a travaille ! Les gens ne s'y connaissent pas, donc ne bavardent pas, et ont autre chose à faire que draguer. C'est la paix royale, enfin. Et les chaises sont confortables, les tables immenses... Le silence total.

Et les livres sont au centre. Enfin. Enfin ce sont les livres dont il s'agit lorsqu'on va en bibliothèque. Le symbole ? Les petits coussins repose-livre sur chaque espace de table, avec le marque page - boudin en sable. Les livres sont soignés, choyés, on vous les apporte un par un, les installe, sur leur petite couverture quand ils sont trop fragiles. Ici, parfois, il faut se tordre le cou pour lire une page et l'autre, parce le livre ne doit pas être ouvert davantage pour ne pas l'abîmer. Le livre a son reposoir, son marque page, sa couverture, sa petite lampe, et même sa température - et oui, on se gèle dans cette salle au bout de deux heures en général. La différence? Et bien quand je vois mon livre arriver aux bras du personnel et se faire déposer devant moi, ouvert à la première page, quand je commence à y fureter, regarder la page de titre, je sens mon visage se tendre en un sourire involontaire, émotion, fierté, sentiment de privilège, devant un objet si rare et si précieux. Révérence. Et l'élation que je ressens à en tourner les pages me fait oublier le froid et la faim juqu'à la fin du temps que je m'étais impartie ici ce jour-là, et qui en général, me semble toujours trop court.



La BNF opère une révolution dans mon petit monde. Elle me donne envie de me lever tôt pour y passer plus de temps ...




mardi 9 juin 2009

Breath


Je suis si en retard sur ce blog, c'est une catastrophe. Je vais tenter de rattraper un peu toutes ces notes prévues et avortées par manque de temps.

Aujourd'hui, Breath, de Tim Winton. Le Guardian en dit : "Breath has the urgent clarity of a story that needed to be told". Je trouve que cela le résume exquisement. Il se lit très vite, le lecteur est très vite saisi au tripes par ce récit de jeunesse, récit d'une pré-adolescence et d'une adolescence sur les côtés autraliennes. Le héros, "Pikelet", grandit dans les années 60-70, dans un petit bled paumé sur la côté ouest. Un jour il rencontre un autre gamin risque tout comme lui, ensemble, ils vont aller d'expérience en expérience, enfreindre toutes les lois de prudence, laisser derrière eux l'instinct de survie et surtout les consignes de leur parents pour se livrer au surf. Progressivement, ils apprennent, ils éprouvent, vont toujours plus loin, jusqu'à laisser les adultes loin derrière eux. Ils deviennent dans leur petit bled précurseurs des sport extrême, suivant un surfer plus âgé, leur gourou, comme le dit sans cesse sa femme. Celle-ci, Eva, bien qu'elle ne surfe pas, occupe une place mystérieuse dans le roman, elle fascine, fait peur et sidère, vient apporter sa touche à cette joute avec le risque et la mort sans cesse renouvelée.

C'est un roman d'apprentissage, de formation, d'épreuve de soi-même face à l'autre, dans l'autre, et face à l'océan et ses vagues de 10 mètres. C'est aussi un récit qui tient en haleine du début à la fin - au point que je lise en marchant, ou sous la pluie, incapable de me lever de mon banc. Il se donne, en effet comme le récit d'une histoire, extraordinaire, qui demande à être dite, en toute modestie, en sachant mais sans l'accuser que cette jeunesse n'a pas été normale, que le héros a fait des choses, vécu des expériences, dans et hors du surf, dans l'adrénaline, le sexe, les joints, que peu de gens vivent dans toute leur vie. A travers cette plongée dans le passé, il essaie de comprendre où il en est aujourd'hui.

Voici un court passage, traduit par mes soins, de la conclusion :

Apparemment il n'y a rien à craindre dans la vie que la peur elle-même. C'est le genre de connerie que vous entendez au pub ou en remettant les ambulances au dépot. Beaucoup de discours sur la peur, à ce qu'il se trouve.
la plupart des gens n'aiment pas avoir peur. On peut difficilement les blâmer. S'épanouir dans le risque est pervers - à moins d'être d'en les affaires. Les entrepreneurs sotn courageux, mais les sportifs de saut à ski sont des fous sans sens des limites. Les navigateurs en solitaire sont un gâchis d'expéditions de sauvetage et les snowboarders qui sautent des hélicoptères sont des poneys de cirque suicidaires. Les correspondants de guerre, comme nous le savons tous, sont graves. Certains risques, à ce qu'ils semblent, dépassent notre respect. En même temps presque tout le monde est terrifié que "ça", quoi que la vie soit devenue, ne soit que "ça". Et pire, ça sera bientôt fini. Ce genre de peur - comme un mal de dents - peut être rendu vivable. Enfin, la plupart du temps.