J'étais tranquillement en train de finir mon déjeuner au moment des infos sur Radio Classique. Et là, c'est le choc, il y a eu une panne à la Gare du Nord ce matin, moralité, un certain nombre de candidats à l'agrégation se sont retrouvés coincés, et évidemment quand ils sont arrivés, qu'ont -ils trouvé ? Porte close. PORTE CLOSE !
On le sait, quand on s'inscrit, qu'il faut arriver en avance, etc, qu'ils ne peuvent pas attendre et gnagnagna. Sauf que là, la panne, elle a commencé à 6h30 d'après le Monde. Alors à quelle heure exactement est-on censé y aller ? Ou peut-être il faut camper sur place ? Ou trouver un taxi, et prier pour que le trafic permette d'arriver avant que les joyeuses portes trop ravies de se débarasser de copies et candidats potentiels - on écrème comme on peut - ne se ferment.
Les pannes, cela arrive, c'est certain, ce n'est la faute de personne, c'est juste regrettable. Les règles existent aussi, le concours est national etc, doit commener environ à la même heure partout etc... Soit.
Mais enfin, qui s'intéresse à l'injustice profonde du sort de ces candidats qui viennent tout juste de voir une année de leur vie FOUTUE EN L'AIR ?
Certes, ils ont travaillé, appris des choses, etc, ça leur servira pour l'année prochaine, ils devraient aller passer les autres épreuves pour passer une agreg blanche. Mouais... m'enfin, quand on encaisse un coup pareil, c'est un peu remuer le couteau dans la plaie que de revenir sur les lieux du crime - le sien... Chapeau à ceux qui peuvent...
Chiffrons un peu une année d'agreg, pour qu'on se rende mieux compte. Prenons les lettres modernes, c'est celle que je connais vraiment :
- livres au programme, dans les 200 euros,
- livres sur les livres au programme, dans les 200-300 euros,
- cours Sévigné, dans les 100 euros - si vous vous mettez à dix pour les acheter...
Après les frais varient :
- nourriture, dans les 100 euros par mois,
- ratp, minimum 345,
- loyer, difficilement moins de 400 et uniquement en coloc,
- inscription à la fac, 600 euros en septembre, pour les non boursiers.
Ajoutez à cela que les bourses sur critères universitaires ont été supprimées.
Et qu'en est-il du temps investi...? c'est dans les 25 heures de cours par semaine, du travail constant en dehors, quand on passe l'agreg, on ne peut pas travailler à côté encore, on n'arrive déjà pas à tout faire...
Et sa santé mentale et physique y passe...
Et le concours, sélectif, très sélectif, surtout qu'il est soumis à la fantaisie de certains correcteurs dont l'ambition de toute une vie était précisément de se retrouver assis à cette place... est déjà assez éliminatoire en lui-même... la majorité des candidats la passe deux fois, une bonne partie 3 ou 4 fois... et bien ce n'est pas la peine d'en rajouter encore et de leur faire perdre une année pour des raisons auxquelles ils ne peuvent rien.
Une agrégation, c'est un investissement financier d'abord, mais également personnel, mental, et physique énorme, les candidats ne "jouent" pas juste à passer l'agrégation, et ce n'est pas aussi simple de dire "ils n'ont qu'à la passer l'an prochain"... C'était une année importante qu'on leur a volée et qui ne se remplace pas comme ça.
Evidemment, au long terme, ils en retirent quelque chose, mais à court terme, et dans le vif, il est dur de prendre du recul. Toutefois, c'est une maigre consolation, mais il est bien vrai que ce qui ne tue pas rend plus fort...
Et ma foi, peut-être pourra-t-on espérer qu'un jour l'Education Nationale arrête de considérer les élèves comme la chair à cannon de la République et mettra en place par exemple des bus à partir de leurs universités habituelles pour se rendre sur le lieu du concours, ou arrêtera de prévoir des épreuves de l'oral dans des bleds paumés qui font se lever les candidats à 5h00 du matin, et arrivés épuisés pour passer une épreuve... Peut-être un jour l'ENS arrêtera de mettre les 3 dissertations de 6h à la suite l'une de l'autre pour compter sur l'épuisement des candidats pour qu'ils s'éliminent tous seuls...
On peut rêver...
On le sait, quand on s'inscrit, qu'il faut arriver en avance, etc, qu'ils ne peuvent pas attendre et gnagnagna. Sauf que là, la panne, elle a commencé à 6h30 d'après le Monde. Alors à quelle heure exactement est-on censé y aller ? Ou peut-être il faut camper sur place ? Ou trouver un taxi, et prier pour que le trafic permette d'arriver avant que les joyeuses portes trop ravies de se débarasser de copies et candidats potentiels - on écrème comme on peut - ne se ferment.
Les pannes, cela arrive, c'est certain, ce n'est la faute de personne, c'est juste regrettable. Les règles existent aussi, le concours est national etc, doit commener environ à la même heure partout etc... Soit.
Mais enfin, qui s'intéresse à l'injustice profonde du sort de ces candidats qui viennent tout juste de voir une année de leur vie FOUTUE EN L'AIR ?
Certes, ils ont travaillé, appris des choses, etc, ça leur servira pour l'année prochaine, ils devraient aller passer les autres épreuves pour passer une agreg blanche. Mouais... m'enfin, quand on encaisse un coup pareil, c'est un peu remuer le couteau dans la plaie que de revenir sur les lieux du crime - le sien... Chapeau à ceux qui peuvent...
Chiffrons un peu une année d'agreg, pour qu'on se rende mieux compte. Prenons les lettres modernes, c'est celle que je connais vraiment :
- livres au programme, dans les 200 euros,
- livres sur les livres au programme, dans les 200-300 euros,
- cours Sévigné, dans les 100 euros - si vous vous mettez à dix pour les acheter...
Après les frais varient :
- nourriture, dans les 100 euros par mois,
- ratp, minimum 345,
- loyer, difficilement moins de 400 et uniquement en coloc,
- inscription à la fac, 600 euros en septembre, pour les non boursiers.
Ajoutez à cela que les bourses sur critères universitaires ont été supprimées.
Et qu'en est-il du temps investi...? c'est dans les 25 heures de cours par semaine, du travail constant en dehors, quand on passe l'agreg, on ne peut pas travailler à côté encore, on n'arrive déjà pas à tout faire...
Et sa santé mentale et physique y passe...
Et le concours, sélectif, très sélectif, surtout qu'il est soumis à la fantaisie de certains correcteurs dont l'ambition de toute une vie était précisément de se retrouver assis à cette place... est déjà assez éliminatoire en lui-même... la majorité des candidats la passe deux fois, une bonne partie 3 ou 4 fois... et bien ce n'est pas la peine d'en rajouter encore et de leur faire perdre une année pour des raisons auxquelles ils ne peuvent rien.
Une agrégation, c'est un investissement financier d'abord, mais également personnel, mental, et physique énorme, les candidats ne "jouent" pas juste à passer l'agrégation, et ce n'est pas aussi simple de dire "ils n'ont qu'à la passer l'an prochain"... C'était une année importante qu'on leur a volée et qui ne se remplace pas comme ça.
Evidemment, au long terme, ils en retirent quelque chose, mais à court terme, et dans le vif, il est dur de prendre du recul. Toutefois, c'est une maigre consolation, mais il est bien vrai que ce qui ne tue pas rend plus fort...
Et ma foi, peut-être pourra-t-on espérer qu'un jour l'Education Nationale arrête de considérer les élèves comme la chair à cannon de la République et mettra en place par exemple des bus à partir de leurs universités habituelles pour se rendre sur le lieu du concours, ou arrêtera de prévoir des épreuves de l'oral dans des bleds paumés qui font se lever les candidats à 5h00 du matin, et arrivés épuisés pour passer une épreuve... Peut-être un jour l'ENS arrêtera de mettre les 3 dissertations de 6h à la suite l'une de l'autre pour compter sur l'épuisement des candidats pour qu'ils s'éliminent tous seuls...
On peut rêver...
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