J'ai eu l'opportunité merveilleuse d'aller voir ce ballet, hier soir, 8 mai, pour son avant dernière représentation à l'opéra Bastille. C'est un pur enchantement. De façon surprenante, les deux ballets à se ressembler le plus sont ceux de Balanchine et de Forsythe, par leur sens de l'épure, Noureev offrant au milieu une transition richement colorée, extrêmement dynamique, qui enlève le spectateur et le prend à bras le corps, prostré en avant pour mieux en capter toute la beauté, pour le laisser replonger dans la contemplation des deux ballets cadres.
Balanchine d'abord, j'ai été surprise des tenues très épurées des danseurs du corps de ballet, tout d'abord, comme pour mieux concentrer l'attention du spectateur sur ces corps en mouvements. Alternance de différents tableaux, plusieurs couples, des solos, homme seul, femme seule, des ensemble: un homme et des femmes, une femme et des hommes, et un très beau final qui place à nouveau tous en scène ensemble et surprend le spectateur par l'ampleur du corps de ballet, en fait, les costumes ne variant pas de l'un à l'autre, jamais, avant de les voir tous, je ne m'étais attendue à ce que tant de danseurs aient défilé sur la scène. Ms goûts personnels me portent à souligner les solos, et une danse entre deux hommes, que j'ai trouvés éblouissants, les différentes danses ont dégagé une grande sensibilité, de belles prouesses physiques. Enfin il y avait cette façon de marcher, récurrente dans tout ce ballet, avancer la jambe, pointe, poser, basculer le poids, avancer l'autre, pointe, poser, basculer le poids. Elle prenait l'œil, comme une langue un peu étrange, dont on ne sait si elle est réellement mélodieuse, mais qu'on ne se lasse d'entendre. Voilà pour le grand Balanchine.
Noureev ensuite. Le ballet dont on rêve toutes quand on est petites filles. C'était de toute beauté, et si rapide, si vite terminé... les costumes des danseurs étaient magnifiques, de belles robes rouges types russes, certaines longues, certaines terminées en tutu, un couple en noir, et un couple en beige doré, avec une danseuse recouverte de strass dorés et jaunes. Ne fût-ce que pour cela, elle attirait déjà tous les regards. Deux solos ensuite, de ces danseurs dorés, à couper le souffle, magnifique, on imagine très bien Noureev faire ces arabesques, et voir toute cette vingtaine de danseurs dans leurs costumes rouges, tous sur la scène, servant de cadre magnifique aux danses de certains d'entre eux, c'était absolument ravissant, d'une grande richesse de tons. Un seul regret, que le tableau entier s'anima à un moment et non juste certains de ses membres. Mais je n'ai vu là que des extraits, sans doute cela est-ce dans le ballet dans son intégralité. Toujours est-il que la beauté esthétique et toute romantique, si je puis dire, sans suggérer d'emblée les travers de cet adjectif, m'a complètement séduite. Je suis venue pour Noureev, et la splendeur qui m'a été offerte ne m'a pas déçue.
Forsythe enfin. Forsythe, cela fait un moment que j'en entends parler, que je lis des revues dans le Monde sur certaines de ses productions, et qu'il me tente et m'attire. Ce fut mon premier contact réel avec lui. Son ballet est très particulier, surprenant, on a l'impression d'abord de surprendre une séance d'échauffement ou de répétition pour les employés d'aéroports qui guident les avions sur la piste, dans une fausse lumière jaune assez troublante. Puis le rideau descend. On se dit tiens... panne ? Artifice de Forsythe ? Il remonte, on reprend un autre tableau, puis ça recommence. la fatigue aidant, évidemment, on a beaucoup rit - surtout en entendant les pas des danseurs cavalant à l'autre bout de la scène, et on a peur que ce soit un moyen un peu facile de créer de l'effet à peu de prix. Mais il n'en est rien, et avec le recul aussi, j'aime beaucoup la poésie de ce rideau noir qui descend à toute vitesse sur une danse en train de se faire, et se relève sur un autre tableau, jour - nuit - jour- nuit, tranches de vie surprises, avec la danse qui continue en dépit de tout derrière, jusqu'à reprendre ailleurs. Elle nous attendait pour recommencer, comme un rendez-vous décalé. Contrairement aux deux autres, ce ballet n'avait pas l'accompagnement de l'orchestre, mais lors de la seconde partie, un excellent pianiste (hier soir en tout cas c'était un homme), est venu nous captiver par une musique absolument envoutante. Le rideau s'est relevé sur des danseurs en vert eau, pour une séquence subtilement différente, avec toujours ces effets de bras très spectaculaires, pensez-vous, vingt ou trente danseurs bougeant à l'unisson, et ses claps les ponctuant. La musicalité des mouvements était extrêmement saisissante. Elle semblait réellement vécue, et non simplement ornée comme elle peut l'être, c'est ce qui m'a le plus touchée dans ce ballet-ci, la musicalité de la deuxième partie, et même fatiguée, même avec l'envie de rentrer m'ensevelir confortablement dans un fauteuil, j'étais tendue par le rythme, les notes, le charme au sens fort, de cette deuxième partie qui à la fin du compte, m'a vraiment semblé filé. Je serai désormais aux aguets pour une prochaine occasion de voir un ballet de Forsythe.
Ci-dessous, les détails de ces trois œuvres, empruntés au site de l'opéra Bastille.
Photo du ballet de Balanchine.
Balanchine d'abord, j'ai été surprise des tenues très épurées des danseurs du corps de ballet, tout d'abord, comme pour mieux concentrer l'attention du spectateur sur ces corps en mouvements. Alternance de différents tableaux, plusieurs couples, des solos, homme seul, femme seule, des ensemble: un homme et des femmes, une femme et des hommes, et un très beau final qui place à nouveau tous en scène ensemble et surprend le spectateur par l'ampleur du corps de ballet, en fait, les costumes ne variant pas de l'un à l'autre, jamais, avant de les voir tous, je ne m'étais attendue à ce que tant de danseurs aient défilé sur la scène. Ms goûts personnels me portent à souligner les solos, et une danse entre deux hommes, que j'ai trouvés éblouissants, les différentes danses ont dégagé une grande sensibilité, de belles prouesses physiques. Enfin il y avait cette façon de marcher, récurrente dans tout ce ballet, avancer la jambe, pointe, poser, basculer le poids, avancer l'autre, pointe, poser, basculer le poids. Elle prenait l'œil, comme une langue un peu étrange, dont on ne sait si elle est réellement mélodieuse, mais qu'on ne se lasse d'entendre. Voilà pour le grand Balanchine.
Noureev ensuite. Le ballet dont on rêve toutes quand on est petites filles. C'était de toute beauté, et si rapide, si vite terminé... les costumes des danseurs étaient magnifiques, de belles robes rouges types russes, certaines longues, certaines terminées en tutu, un couple en noir, et un couple en beige doré, avec une danseuse recouverte de strass dorés et jaunes. Ne fût-ce que pour cela, elle attirait déjà tous les regards. Deux solos ensuite, de ces danseurs dorés, à couper le souffle, magnifique, on imagine très bien Noureev faire ces arabesques, et voir toute cette vingtaine de danseurs dans leurs costumes rouges, tous sur la scène, servant de cadre magnifique aux danses de certains d'entre eux, c'était absolument ravissant, d'une grande richesse de tons. Un seul regret, que le tableau entier s'anima à un moment et non juste certains de ses membres. Mais je n'ai vu là que des extraits, sans doute cela est-ce dans le ballet dans son intégralité. Toujours est-il que la beauté esthétique et toute romantique, si je puis dire, sans suggérer d'emblée les travers de cet adjectif, m'a complètement séduite. Je suis venue pour Noureev, et la splendeur qui m'a été offerte ne m'a pas déçue.
Forsythe enfin. Forsythe, cela fait un moment que j'en entends parler, que je lis des revues dans le Monde sur certaines de ses productions, et qu'il me tente et m'attire. Ce fut mon premier contact réel avec lui. Son ballet est très particulier, surprenant, on a l'impression d'abord de surprendre une séance d'échauffement ou de répétition pour les employés d'aéroports qui guident les avions sur la piste, dans une fausse lumière jaune assez troublante. Puis le rideau descend. On se dit tiens... panne ? Artifice de Forsythe ? Il remonte, on reprend un autre tableau, puis ça recommence. la fatigue aidant, évidemment, on a beaucoup rit - surtout en entendant les pas des danseurs cavalant à l'autre bout de la scène, et on a peur que ce soit un moyen un peu facile de créer de l'effet à peu de prix. Mais il n'en est rien, et avec le recul aussi, j'aime beaucoup la poésie de ce rideau noir qui descend à toute vitesse sur une danse en train de se faire, et se relève sur un autre tableau, jour - nuit - jour- nuit, tranches de vie surprises, avec la danse qui continue en dépit de tout derrière, jusqu'à reprendre ailleurs. Elle nous attendait pour recommencer, comme un rendez-vous décalé. Contrairement aux deux autres, ce ballet n'avait pas l'accompagnement de l'orchestre, mais lors de la seconde partie, un excellent pianiste (hier soir en tout cas c'était un homme), est venu nous captiver par une musique absolument envoutante. Le rideau s'est relevé sur des danseurs en vert eau, pour une séquence subtilement différente, avec toujours ces effets de bras très spectaculaires, pensez-vous, vingt ou trente danseurs bougeant à l'unisson, et ses claps les ponctuant. La musicalité des mouvements était extrêmement saisissante. Elle semblait réellement vécue, et non simplement ornée comme elle peut l'être, c'est ce qui m'a le plus touchée dans ce ballet-ci, la musicalité de la deuxième partie, et même fatiguée, même avec l'envie de rentrer m'ensevelir confortablement dans un fauteuil, j'étais tendue par le rythme, les notes, le charme au sens fort, de cette deuxième partie qui à la fin du compte, m'a vraiment semblé filé. Je serai désormais aux aguets pour une prochaine occasion de voir un ballet de Forsythe.
Ci-dessous, les détails de ces trois œuvres, empruntés au site de l'opéra Bastille.
Photo du ballet de Balanchine.
Les Quatre tempéraments
Musique Paul Hindemith
Chorégraphie George Balanchine
Raymonda (extraits)
Ballet en trois actes
Sujet de Lydie Pachkoff et Marius Petipa
Musique Alexandre Glazounov
Chorégraphie Rudolf Noureev
d’après Marius Petipa (Opéra national de Paris, 1983)
Décors et costumes Nicholas Georgiadis
Artifact Suite
Musiques Johann Sebastian Bach, Eva Crossmann-Hecht
Chorégraphie, décor, costumes, lumières William Forsythe
Piano Margot Kazimirska
2 commentaires:
Bonjour
pardon de ce silence prolongé....mais je consulte ta tour d'ivoire où tu reserres des trésors
Ma petite Kate va sur ses 9 mois et se tient presque debout; elle tête toujours ,va à la crêche depuis mars; du coup,Alice a repris le travail - Mois d'avril pénible: malades ts les trois...
Enfin le mois de mai et son rythme plus agréable (moins de cours: dernier cours des K1 mardi (sur une terasse de la petite place du maché Gayot) (concours blancs et longs we)
De gros changements ds les prépas à partir de sept.: fini la version au concours;désormais version +expl.de textes,donc plus d'heures de cours (8 en anglais en tout). Plus de travail donc l'an prochain! Et encore bien des changements mais tout reste flou...
En juillet, New York, Boston et Philadelphie à 5 (mes 2 garçons et Kate): ce sera super mais il fera chaud!
En aout, lectures et travail. Si tu passes à Strasbourg...viens voir Kate!
Lectures: je découvre la nvlle critique (qques ilots de l'immense archipel!) sur Shakespeare! Très stimulant! et découverte de Sven Lindquist (sur les bombes, l'extermination des indigènes et le colonialisme) de de Gunther Anders (1er mari de Hannah Arendt )
tout va bien?
amitiés
christian domball
Une belle façon de raconter (les transferts de poids comme une langue étrangère langoureuse chez Balanchine, et les RDV par tranches chez Forsythe) qui me fait regretter d'avoir loupé ce programme - même si j'ai déjà eu l'occasion de voir Artifact.
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