samedi 4 juillet 2009

Saturday, de Ian McEwan


Saturday, comme son nom l'indique, est le livre d'un samedi dans la vie de Perowne, le personnage principal, qui nous rappelle bien vite que les frontières du temps ne sont pas si étanches qu'on veut bien le croire. Suivre les pensées de ce personnage, à la manière dont on le fait pour Mrs Dalloway de Virginia Woolf - dont il porte évidemment l'influence - nous permet de voir à quel point notre vie quotidienne est au contraire entremélée de morceaux de passé et de futur.
A lire Saturday, on comprend vraiment à quel point ces Wool,f Joyce ou Proust ont fait une découverte fondamentale avec leur madeleine. Nous avons beau vivre au présent, être-au-monde qui nous est incident, nous ne passons pas moins la majorité du temps où nous sommes ainsi laissés à nous-mêmes, à revivre des souvenirs qui font librement irruption dans notre champ de conscience ou à nous projeter dans l'avenir.
L'intérêt du flot de conscience, jusqu'à ce livre, m'avait toujours semblé, un peu naïvement je l'avoue, la plongée dans l'esprit de quelqu'un, voir comment les associations d'idées se font, voir comment nous pensons... Je regardais, mais je n'avais pas compris à quel point ce qu'ils montraient était vrai et juste, car je n'avais jamais réfléchi à ma propre façon de pensée. Je pense que cela apparaît avec tant de netteté, à la lecture de Saturday, parce que le personnage est proche de nous, qu'il vit dans un monde dont nous avons pu faire l'expérience, celui des quelques semaines avant la guerre en Irak, lorsqu'on sait bien que les Etats-Unis vont frapper, mais qu'ils tentent encore, ou en tout cas en donnent l'air, de chercher le consensus international.
Cet ancrage historique est un point fort supplémentaire du livre. Il commence engagé, tout est net et clair au lever du jour, et nous donne à suivre l'évolution de ces opinions, de ces certitudes, tout au long de la journées, réfléchies par les événements de la journée. Et frappe juste.
Clin d'oeil supplémentaire, Perowne est neuro-chirurgien, et peut s'offrir, avec un certain humour, comme mise en abîme de la figure de l'auteur, car ici tous deux ouvrent des crânes.

Ian Mc Ewan prouve ici, une fois de plus, son talent et sa majesté dans l'analyse des caractères. Il donne une personnalité à la complexité impressionnante à ses personnages. Enfin, Saturday est d'autant plus à lire qu'il me semble le pilier manquant, caché parce que plus ancien, de l'édifice qu'il a construit avec Atonement, dont l'adaptation cinématographique l'a rendu plus connue du grand public, et On Chesil Beach. Celui-ci offre une plongée dans l'esprit d'un couple, de deux êtres, celui-là dans l'esprit de deux jeunes filles, et le premier, Saturday, dans celui d'un homme. L'un est romantique, l'autre politique; et le tout constitue à mon sens l'oeuvre d'un des plus grands écrivains de sa génération.


Un passage assez drôle, donné la situation, de réflexions de Perowne sur la littérature.

Arriving on the first floor, he pauses outside the library, the most imposing room in the house, momentarily drawn by the way sunshine, filtering through the tall gauzy oatmeal drapes, washes the room in a serious, brown and bookish light. the collection was put together by Marianne. Henry never imagined he would end up living in the sort of house that had a library. It's an ambition of his to spend whole weekends in there, stretched on one of the Knole sofas, pot of coffee at his side, reading some world-rank master-piece or other, perhaps in translation. He has no particular book in mind. He thinks it would be no bad thing to understand what's meant, what Daisy means, by literary genius. He's not sure he's ever experienced it at first hand, despite various attempts. He even half doubts its existence. But his free time is always fragmented, not only by errands and family obligations and sports, but by the restlessness that comes with this weekly islands of freedom. He doesn't want to spend his days off lying, or even sitting, down. Nor does he really want to be a spectator of other lives, of imaginary lives - even though these past hours he's put in an unusual number of minutes gazing from the bedroom window. And it interests him less to have the world reinvented; he wants it explained. The times are strange enough. Why make things up ? He doesn't seem to have the dedication to read many books all the way through. Only at work is he single-minded; at leisure, he's too impatient. He's surprised by what people say they achieve in their spare time, putting in four or five hours a day in front of the TV to keep the national averages up. During a lull in a procedure last week- the micro-doppler failed and a replacement had to come from another theater - Jay Strauss stood up from the monitors and dials of his anaesthetic machine and, stretching his arms and yawning said he was awake in the small hours, finishing an eight-hundred-page novel by some new American prodigy. Perowne was impressed, and bothered - did he himself simply lack seriousness ?


1 commentaire:

casa da poesia a dit…

"sangham saranam gacchami"...foryou!