dimanche 8 juillet 2007

l'islam moderne

allez, un article sérieux pour une fois. enfin, important dirais-je.
ce sont des extraits du Monde 2 (9-15 juin) (j'ai rattrapé mon retard en monde 2 ce week end, j'ai dû en lire 6 un truc comme ça... comme quoi je finis toujours par le faire). Voici des extraits de la grande enquête sur l'Islam moderne. Très actuel quand on sort de Persépolis.

"le Coran n'est pas un texte de loi et ne doit plus être traité comme tel.Un verset coranique n'st pas un article dans un code: ce n'est pas du droit. Il ets grand temps de mettre fin à ce débat stérile sur le sens de tel ou tel verse prétendument juridique, et de séparer clairement et définitivement droit et religion", explique Mohammed Charfi, professeur de droit à Tunis. "L'Islam d'Al-Azhar et de toutes les institution islamiques est complètement dépassé. L'islam apporte une liberté. Mais il faut se débarrasser des miliers de commentaires et de hadiths, dont beacoup ont été fabriqués, et qui contredisent souvent le Coran. Ces paroles, même si elles faisaient sens à leur époque, ont mille ans, et on ne peut les appliquer aujourd'hui", s'emporte Gamal El-Banna, l'un des plus farouches opposants aux islamistes d'Egypte. "Quand je donne des conférences dans les universités marocaines, et que je demande : "Le Coran est-il la parole de Dieu ?", 50 étudiants se lèvent et quittent la salle. Mais 650 restent pour m'écouter et poser des questions. Il y a une énorme demande de la part des jeunes de questionner l'islam autrement", raocnte le frnaco-marocian Rachid benzine, universitaire et croyant fervent, auteur des Nouveaux penseurs de l'islam. (...)
Ce que défendent ces penseurs modernes, c'est d'abord une réflexion sur la nature et le statut des textes religieux. Il s'agit de relire les textes sacrés pour sortir d'une interprétation littérale : respecter l'esprit du Coran, non la lettre. "Quand le prophète dit : "apprenez à vos enfants l'équitation, la natation et le tir à l'arc", aujourd'hui cela signifie "apprenez leur l'anglais, l'informatique et internet" : l'objectif est de maîtriser les compétences du siècle. De même, le Coran a prescrit le voile pour protéger la femme. Aujourd'hui, c'est l'école qui la protège", explqiue ainsi Soheib Bencheikh, imam de Marseille. Tous ces penseurs partagent un point commun : intégrer à l'analyse des testes religieux les courants de pensée modernes, comme les penseurs de la Nahda avaient absorbé les savoirs occidentaux. C'est ainsi que les sciences sociales, apport-clé de la pensée occidentale du XX° siècle, sont sollicitées : le Coran est étudié avec une approche historique, sociologique et linguistique. Il devient objet d'étude et non dogme - même pour les plus croyants de ces penseurs.
"Le discours religieux est une donnée linguistique. Il nous faut étudier les circonstances historiques de la production de ce discours", explique l'Algérien Mohamed Arkoun, l'un des pionniers de cette relecture du Coran, dont els ouvrages sont interdits en Arabie Saoudite. "Le langage coranique, comme tous les langages religieux, utilise le mythe, la parabole et le symbole. Il faut appliquer au Coran les mêmes méthodes de lecteure que les chrétiens ont appliqué à l'Evangile", explique rachid Benzine, qui se dit influencé par ses années de dialogue avec le père Christian Delorme, avec lequel il a cosigné un ouvrage en 1998, Nous avons tant de choses à nous dire.


Belle leçon d'intelligence dirais-je... ! cela prouve bien, une fois de plus, l'intérêt de la distance, de la lecture critique, du regard qui replace dans son contexte. ça n'enlève rien au caractère sacré du texte que de vouloir le comprendre par rapport à notre époque. Au contraire, c'ets lui donner sa vraie valeur ! c'est à ça que servent les disciplines littéraires à la fin, à comprendre le sens, à aller au-delà du sens littéral. Regardez Spinoza, avec le Traité Théologico-politique, c'est assommant direz-vous. Peut-être, je n'en suis pas sûre, mais là, clairement, on a un guide de lecture, un guide des différences façons de lire un texte, sens littéral, sens métaphorique, ce n'est pas le terme exact, mais c'est l'idée de fidélité à l'esprit, et sens symbolique. et cette façon de regarder le monde se décline dans tous les domaines. c'ets la meilleure garantie contre le radicalisme, le totalitarisme. Il n'y a pas qu'une façon de voir les choses, une seule vérité une et indivisible... On ne peut dire tout et son contraire pour autant non plus... mais il faut, il faut absolument, qu'il y ait débat, discussion, parce que c'est ça rendre un texte vivant, se colleter à lui, essayer d'en pousser le sens dans ses différents retranchements, et pas le mettre sous verre avec des gardes devant... ça ne sert à rien, la pensée se fera clandestine et d'autant plus subversive, et encore heureux d'ailleurs... mais quel gâchis... !



samedi 7 juillet 2007

du contresens au cinéma.

ça fait des années maintenant que je m'énerve à essayer de défendre mon opinion sur ce sujet. et là, tombé du ciel, un article de Tarentino dans le monde 2 qui dit pile ce que je pense... Mon passage préféré :

interdit de rire d'un film

Quentin Tarentino anime depuis 1997, dans un vieux cinéma d'Austen au Texas, le Quentin Tarentino Film Festival, où il montre les joyaux de sa collection de copies 35 mmm. Il présente chaque film et intervient parfois au milieu d'une projection, lorsqu'un détail lui revient en tête. Il se met à crier pour apporter la précision indispensable. Avant chaque présentation, il réitère le même avertissement : il est interdit de rire d'un film, même médiocre, au risque d'être mis dehors, chaque film devant être apprécié pour ce qu'il est, et non pour ce qu'il devrait être. Cela signifie donc qu'en découvrant des oeuvres aussi improbables que Legend of the Wolf Woman, ou Revenge of the Cheerleaders le spectateur ne peut décemment s'attendre à un nouveau Citizen Kane.


Si ça rentrait sur ma page je me mettrais en rouge flamboyant encore plus gros. Ras le bol des critiques devant un film hollywoodien du style c'est pas fidèle alors que personne n'a jamais prétendu faire un film historique de Troy, de Kingdom of heaven ou je ne sais quoi mais juste un bon sang de block buster... regardez les acteurs quoi ... ! C'est un film grand public, un film de divertissement, pas un documentaire ! Ras le bol de me faire laminer sur Tarentino... c'est Tarentino ! à quoi on s'attend en allant voir Tarentino, si ce n'est à cela ? A quoi on s'attend en allant voir une bluette pour ado, un film romantique dégoulinant de sentimentalité si ce n'est à cela ? c'est de la mauvaise foi de venir cracher dans la soupe après !!!

ces films ne prétendnet pas être autre chose que ce qu'ils sont, bien souvent, ce sont les spectateurs, avertis en général, qui veulent en faire autre chose, qui projettent leurs attentes dessus et râlent ensuite parce que s'étant trompés, ils sont déçus... Je pars en croisade pour revendiquer le droit d'apprécier les films à la Honey, à la Save the last dance, à la Dance with me, à la Shall we dance, à la Breaking up, à la dirty dancing parce qu'ils m'apportent exactement ce que j'attends, de la danse. je ne leur demande pas d'être de bons films, et en effet, ils le sont rarement voire jamais, je leur demande de me montrer de la danse, et ils le font. Et je me fous bien du reste... Je les aime pour ce qu'ils sont, je ne les déteste pas pour ce qu'ils ne sont pas, et je m'en fous que les acteurs aient ou non l'âge de leur personnage, que ce soit crédible ou non, etc, etc, etc. c'est un film, justement, du cinéma, c'est pour faire croire, ça requiert un minimum de volonté d'adhérer. après, c'est sûr, c'est vraiment impossible parfois mais bon, tout de même, on peut aussi être un peu bon public quoi ...

Après, il y a aussi les "bons films" que je n'aime pas, je sais pourquoi ils sont bons, je sais pourquoi je ne les aime pas, on peut faire la différence non ? Aimer un mauvais film, détester un bon... ça s'appelle le sens de la nuance... les bons films que je n'aime pas trop ? Garden State par exemple, il m'ennuie, Shortbus parce que je n'ai pas aimé le personnage de la petite asiat et que du coup ça a diminué mon plaisir, j'ai détesté Scoop parce qu'après tout, vraiment, Scarlett, elle ne passe pas, Persépolis, il est excellent, rien à dire, mais alors moi qui hais viscéralement les gosses, Marjane petite me m'a rendu le personnage insupportable du début à la fin, alors que toute la trame historique sur l'Iran, et mon article sur reading Lolita in Tehran me passionne. Elle n'aurait pas été là, ou elle aurait été différente, j'aurais adoré la film. Elle m'a exaspérée. ça ne m'empèche pas de penser le film excellent, de dire aller le voir, vous ignorez sûrement plein de chose sur l'Iran et ses souffrances, et bien vous les apprendrez là avec plaisir... et j'en passe et des meilleurs... mais voilà, ce soir, pour une fois, je monte au créneau pour défendre ma façon de percevoir l'art, mon droit à la contradiction, au paradoxe et au rapport décomplexé avec le cinéma.

allez, une deuxième note !

à chaque fois que je sens mon asthme monter, m'étouffer progressivement, machinalement, stupidement je m'arrête de respirer pour mieux le sentir, pour mieux reprendre mon souffle, pour haleter davantage au fond. à chaque fois ce poème me vient en tête. une de ces nombreuses références qui m'entretiennent doucement dans l'idée une bribe de littérature pour tous les moments.


I am listening to the change of pain

The way she’s fitting into something I can stand

I feel her smart arabesques on my neck

Her vivid dance with my bones wrecked

I wait for the surf to verge

For the pack of yellow sea to rise

And roll all over my backbone

I could feel a pea under a hundred mattresses

Though my skin is no satin

Small arachnid, my brain shrinks

And withdraws into some grounded land

From where I stand

Watching the ocean

Move

Till he comes

And seizes me

I wait for the barbarians

For their strength

Till it bursts

And rapes me

Dividing me in two

Million hundred pieces

That blinds me – dashing vision

Of blackness and blankness

And speed too

I’m in a fuss to feel all this

This being alive, through pain and pain

A kind of hapax

This sleepy agony

When you take up your breath

To feel each detail

The way he penetrates you

The way you burst and die

Life and death

Agony and resurrection

Through pain and pain

Each pain going further, deeper, softer…

All is just a kind of pain

And whether you’re accustomed to it

Or build an addiction to blind it

In dazzling white,

The blind colour…


Saoirse Mac Cann

Mai 1935.

un peu de chaleur


Pour encourager la chaleur et parce que j'en ai sincèrement ras le bol de ce temps, et encore, à Paris il fait pas si mauvais, une note sur ces livres qui donnent chaud. Une auteur en particulier me réchauffe constamment, me fait profondément, physiquement ressentir la chaleur de ses livres et c'est Marguerite Duras. j'avais dit un jour que je ferai une note sur elle, la voilà. Chaleur chez Duras, ça pourrait être un sujet de mémoire...

Il y a un livre en particulier chez elle que j'adore pour cela. Les petits chevaux de Tarquinia. Je l'avais lu une après-midi d'été, très chaude, parce qu'en Alsace, les températures montent allègrement en été, un lundi après-midi il me semble, un lundi tout vide parce que précisément il fait si chaud et que je suis à peu près la seule à pouvoir sortir par ce temps chez moi. J'alternais entre fauteuil et carrelage froid dans mon bureau auquel les volets en persienne donnaient une couleur chaude.

Il n'y a pas grand chose dans ce livre, beaucoup de chaleur, c'est à peu près tout. deux couples, qui s'entendent plus ou moins bien sont en vacances sur une côte italienne, et il fait si chaud que la chaleur assomme tout le monde. journée typique de canicule où on se traîne entre l'intérieur et l'extérieur dans une routine qui nous ferait pleurer d'ennui mais qu'on tolère parce que ce sont les vacances et que justement, pouvoir s'ennuyer est la preuve qu'on est en vacances. ces couples se liquéfient presque sous l'effet de la chaleur. on la ressent physiquement en lisant ce livre, une chaleur sèche, intense, on les image mouillés, une blancheur jaune comme cela sur tout le paysage sablonneux, la canicule à son zénith. je n'ai jamais vu quelqu'un donner aussi bien cette impression de chaleur que Duras, ressenti cette sensation de façon aussi intense. Duras écrit dans la chair de ses lecteurs me dis-je parfois. tous ses livres sont à la fois vides, et ne manquent jamais en même temps de nous prendre aux tripes, c'est assez dingue. c'est merveilleux je trouve. enfin un livre sensuel.

de façon assez drôle, al seule autre fois où j'ai autant ressenti le climat devant une oeuvre, pour ainsi dire, c'est lorsque j'avais projeté de regarder le docteur Jivago. J'ai dû arrêter au bout d'une demie-heure tant je grelottais, j'étais impressionnée.

Gracq aussi, s'il ne fait peut-être pas grand chose de bouleversant, retranscrit de façon impressionnante le climat de ses romans, l'atmosphère dirons certains. c'est déjà cela.