vendredi 15 juin 2007

Gisèle Halimi - la cause des femmes

une note que j'aurais dû faire bien plutôt, si j'y avais pensé, sur une femme que peu connaissent mais qui est vraiment une des personnalités incontournables de la lutte des femmes en France : Gisèle Halimi. ça fait un moment que je pensais à elle, et ça devient d'autant plus important que la misogynie et le machisme à outrance est encore bien trop présent dans notre société pour toute occidentalisée et polie qu'elle se donne. clin d'oeil à ceux qui savent quelle fut ma journée d'hier.

Gisèle Halimi, avant tout, est célèbre pour avoir plaidé au fameux procès de Bobigny, en 1972. Elle y défendait une fille et sa mère, accusées respectivement d'avortement illégal et de complicité. elle a ouvert la voie à la loi de 1975 légalisant l'IVG. de ce procès, elle nous dit, dans le monde de samedi 2 juin, que ce fut un vrai procès politique :

c'est ainsi que nous avions voulu ! avec trois ingrédients : 1. les accusés ne demandent pas pardon, 2. on dépasse les faits pour mettre en accusation la loi qui accuse, 3. on s'adresse, apr dessus la tête des magistrats, au pays tout entier. et nous avons atteint notre but: démontrer qu'on réprimait les femmes auxquelles on n'avait pas donné les moyens de ne pas commettre d'infraction; et permettre aux femmes de choisir de donner la vie ou de ne pas la donner.


son combat aujourd'hui, à travers Choisir, la cause des femmes, l'association fondée en 1971 avec Simone de Beauvoir, est de faire adopter la clause de l'Européenne la plus favorisée :

nous proposons de choisir, dans les 27 pays de l'Europe, les lois qui nous semblent les plus favorables aux femmes et d'en faire un bouquet législatif qui s'imposerait dans toute l'Europe : avortement, divorce, droit du travail, prostitution... ce serait le nivellement par le haut. une source de solidarité entre Européennes. et une façon de propulser l'Europe en avant. (...). on emprunterait à la Suède le congé parental rémunéré et obligatoirement alterné entre le père et la mère; et aussi, sa législation antiprostitution qui pénalise le client. on prendrait aux Pays-Bas la loi sur l'IVG qui offre eux femmes huit semaines supplémentaires. à l'Espagne sa loi-cadre sur les violences et à la France la parité constitutionnelle, à condition d'en renforcer les sanctions.

voilà, c'est pas mal non ? ça me semble souhaitable...

d'autant plus qu'il y a encore un tas de balourds sans aucune éducation, ou même avec quelqu'une parfois, qui nous prennent, encore aujourd'hui, assez allégrement pour des salopes, il fait dire ce qui est. donc le jour où les gars arrêterons, même sous couvert d'humour - ils n'ont pas encore compris que ça ne faisait rire qu'eux, les pauvres cons - de nous considérer comme tout juste bonnes à ça, et n'attendant que ça, on aura fait un grand pas. quand en plus, ils cesseront de nous regarder de travers parce qu'on travail, parce qu'on veut choisir notre vie, et que, manque de pot, on peut tout aussi bien se débrouiller qu'eux, et même bien souvent sans eux aussi, on aura fait un pas de plus.

peut-être qu'après on arrivera même à vivre ensemble, et à arrêter, pour eux, de chercher à affirmer à tout prix leur supériorité de mâles incapables de gérer leurs pulsions, et nous - statues de glace, et pour cause, il faut bien qu'on se défende - de chercher à prouver qu'on peut faire mieux qu'eux juste pour avoir le droit de faire aussi bien qu'eux...

je suis pas sûre, honnêtement, de voir ça encore de mon vivant. mais je veux bien me battre aujourd'hui, même si j'en ai marre de faire la guerre à une poignée de cons, pour que ça aille mieux demain. et de toute façon, c'est pas comme si c'était vivable...


3 commentaires:

Unknown a dit…

I heard this woman speak in a debate and I do not have much respect for her opinions. I did not know about the abortion situation you mention, and it's wonderful that she has helped to advance the rights of women, but her singlemindedness and strong beliefs extend to other social and political issues and do not leave any room for analytical thought. The problem with believing so strongly in a cause is that you only use rational thought to justify what you already know to be true. As difficult as it may be, we should try to do the reverse.

Anonyme a dit…

J'ai entendu cette femme parler dans un débat et je n'ai pas beaucoup de respect pour ses opinons. Je ne savais pas au sujet de la situation de l'avortement que vous mentionnez et c'est merveilleux qu'elle ait aidé au progrès des droits des femmes, mais ses idées fixes et ses croyances fortes s'étendent à d'autres champs sociaux et politiques et ne font pas de place à une pensée analytique. Le problème quand on croit si fortement en une cause est
que l'on utilise la pensée rationnelle pour justifier ce que vous savez déjà être vrai. Aussi difficile que cela puisse être, nous devons faire l'inverse.

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J'ai traduit votre commentaire, Naomi et je ne comprends pas bien ce que vous reprochez à Madame HALIMI : de prendre parti pour un camp ?

Lenora a dit…

non, je crois que Naomi lui reproche de ne se servir que des faits qui vont dans son sens, au mépris des autres, de ne sélectionner que ce qui soutient sa cause, et non d'envisager le problème sous les deux angles... enfin, c'est mon hypothèse d'après le commentaire.

d'autre part, en relisant mon article, j'avoue que je suis un peu surprise par mon ton à la fin, je ne me souvenais plus avoir écrit ça, de cette façon... j'imagine que j'ai dû passer une sale journée. enfin, j'imagine que je vais bientôt m'autocensurer si ça doit devenir légion...