Récemment, je lisais un livre d'un critique américain, Robert H. Greene, Six French Poets of our time. Il y consacre un chapitre à Reverdy, et revient sur ses accointances bien connues ou qui vont l'être, avec le Cubisme. Reverdy était en effet ami de Picasso, de Braque et on considère qu'il a tâché de transposer la façon dont un peintre Cubiste voit la réalité et la rend, dans son écriture.
Logiquement, un monde s'ouvrira dans les poèmes de Reverdy si on a ça en tête en le lisant. Et Greene, entre autres avec Enrico Guaraldo par exemple, ou Jean-Pierre Richard mettent en parallèle Cubisme, phénoménologie et écriture poétique. Le résultat en est si fascinant qu'il m'a poussée au musée Picasso cette après-midi. (Vive Paris et ses musées!).
L'idée, que j'ai trouvée, ou disons le mieux compris chez Greene, est que ce qui change avec les peintres Cubistes, ce n'est pas tant le sujet que le regard porté dessus. Le sujet reste le même, un, uni, malgré sa fragmentation apparente, qui n'est en fait que la transcription de l'éclatement de la conscience regardante. Ce n'est pas l'objet qui vole en éclat, c'est le regard, et les parcelles qui émergent dans la peinture de Picasso par exemple sont des bribes de ce que le regard du peintre, un moment fixé, a vu.
Ce que cette approche permet alors, c'est de viser l'essence même de l'objet, et c'est par là qu'on s'approche de la phénoménologie. Guaraldo écrit en effet :
La démarche cubiste m'était donc révélée, s'ouvrait devant moi. Il fallait que j'aille au musée, confronter ma connaissance toute neuve avec la matière à laquelle elle s'applique, et je dois dire que je n'ai pas été déçue.
Au passage, notez qu'on rejoint ici, à mon sens, ceci n'engage que moi, l'idée de la note sur the Waste Land défendant l'idée que le ("court") XX° siècle, avec pour élément fondateur la Première Guerre Mondiale, est celui de la synecdoque, face à un millénaire de métaphore.
Décidément, j'aime beaucoup cette idée. Ça prendrait un monde à défendre, mais l'accélération généralisée de notre époque, fragments de paysages aperçus dans un train lancé à 300km/h, pages web visionnées à toute allure... décidément, on est dans une esthétique du fragment, ou de son cousin le détail. Personnellement, le détail pouvant reconstituer un monde à lui tout seul, il garde mes suffrages, même si, sans doute, l'heure est davantage au fragment...
Dans l'ordre : Nature morte aux grappes de raisin de Braque, Nu à la mandoline de Picasso, Demoiselles d'Avignon de Picasso, Mandoline de Braque, et Guernica, de Picasso...
Logiquement, un monde s'ouvrira dans les poèmes de Reverdy si on a ça en tête en le lisant. Et Greene, entre autres avec Enrico Guaraldo par exemple, ou Jean-Pierre Richard mettent en parallèle Cubisme, phénoménologie et écriture poétique. Le résultat en est si fascinant qu'il m'a poussée au musée Picasso cette après-midi. (Vive Paris et ses musées!).
L'idée, que j'ai trouvée, ou disons le mieux compris chez Greene, est que ce qui change avec les peintres Cubistes, ce n'est pas tant le sujet que le regard porté dessus. Le sujet reste le même, un, uni, malgré sa fragmentation apparente, qui n'est en fait que la transcription de l'éclatement de la conscience regardante. Ce n'est pas l'objet qui vole en éclat, c'est le regard, et les parcelles qui émergent dans la peinture de Picasso par exemple sont des bribes de ce que le regard du peintre, un moment fixé, a vu.
Ce que cette approche permet alors, c'est de viser l'essence même de l'objet, et c'est par là qu'on s'approche de la phénoménologie. Guaraldo écrit en effet :
Comme Husserl, les Cubistes sont à la recherche des essences. Un violon, mettons, est représenté dans leurs tableaux à travers certains éléments qui, en le soustrayant à son individualité et en l'identifiant à une généralité, selon laquelle il n'est plus un violon, mais le violon, le qualifient dans son essence, l'expliquent.En gros, l'idée, c'est que visant l'objet sous tous ses angles, le défragmentant, ils le réduisent à son plus petit dénominateur commun, on se débarrasse de tout ce qui est particulier à un violon pour ne plus avoir que la trame commune à tous les violons, et qui fait le violon.
La démarche cubiste m'était donc révélée, s'ouvrait devant moi. Il fallait que j'aille au musée, confronter ma connaissance toute neuve avec la matière à laquelle elle s'applique, et je dois dire que je n'ai pas été déçue.
Au passage, notez qu'on rejoint ici, à mon sens, ceci n'engage que moi, l'idée de la note sur the Waste Land défendant l'idée que le ("court") XX° siècle, avec pour élément fondateur la Première Guerre Mondiale, est celui de la synecdoque, face à un millénaire de métaphore.
Décidément, j'aime beaucoup cette idée. Ça prendrait un monde à défendre, mais l'accélération généralisée de notre époque, fragments de paysages aperçus dans un train lancé à 300km/h, pages web visionnées à toute allure... décidément, on est dans une esthétique du fragment, ou de son cousin le détail. Personnellement, le détail pouvant reconstituer un monde à lui tout seul, il garde mes suffrages, même si, sans doute, l'heure est davantage au fragment...
Dans l'ordre : Nature morte aux grappes de raisin de Braque, Nu à la mandoline de Picasso, Demoiselles d'Avignon de Picasso, Mandoline de Braque, et Guernica, de Picasso...
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