mardi 13 février 2007

the Waste land, not wasted for all...

Fatalement, quand on range, on retrouve des choses qu'on avait oubliées. Cette fois, ce fut une double feuille pliée en quatre, remplie de poèmes de la Première Guerre mondiale, recopiés du Testament of Youth de Vera Brittain. La nostalgie aidant, je suis allée acheter une anthologie de poèmes de cette époque. Et j'ai aussi retrouvé sur mon laptop le poème considéré comme fondateur de la poésie de l'après GMI, dans le domaine anglophone en tout cas, "The Waste Land" de T.S. Eliot, dont voici un extrait de la première partie :
What are the roots that clutch, what branches grow
Out of this stony rubbish? Son of man,
You cannot say, or guess, for you know only
A heap of broken images, where the sun beats,
And the dead tree gives no shelter, the cricket no relief,
And the dry stone no sound of water. Only
There is shadow under this red rock,
(Come in under the shadow of this red rock),
And I will show you something different from either
Your shadow at morning striding behind you
Or your shadow at evening rising to meet you;
I will show you fear in a handful of dust.

J'en aime tout particulièrement le dernier vers ici, j'y pense sans cesse depuis mardi dernier... Il me fait mieux comprendre pourquoi on considère que le monde d'avant la GMI est le domaine de la métaphore, c'est un monde qui a un sens, sinon global, du moins partiel, et on peut y référer par analogie. Il existe une forme d'unité de l'expérience sur laquelle on peut jouer. Puis la Guerre vient tout faire voler en éclat. Le sens s'échappe, on ne comprend pas pourquoi tous ces morts, ces tranchées, on a une vision partielle de l'événement, les buts nous échappent, on ne voit qu'un maigre morceau du paysage. C'est la vision que Stendhal commençait déjà à laisser entrevoir dans la Chartreuse de Parme. Ici, elle éclate à plein, la vision se disloque, et comme c'est l'oeil qui souvent crée les liens logiques, la compréhension aussi devient plus difficile, le sens se fragmente parce que le monde est perçu de façon fragmentaire. On passe alors de la métaphore à la synecdoque, la métonymie parfois. Et la poésie s'en fait l'écho. En effet, on ne peut plus écrire de la même façon après la Première Guerre mondiale.

J'ajouterai un petit lien vers cubisme et futurisme, vers un blog que j'ai trouvé en cherchant de quoi illustrer cette page, ce que du coup je ne vais pas faire :
http://www.blogg.org/blog-26774-offset-80.html (voir la note du 19 octobre 2005).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Youpie, je suis la première à faire un commentaire! Moi aussi les derniers vers sont mes préférés. Au sujet de la crise de la métaphore après la 2ème G.M., on le dit souvent, mais je ne suis pas entièrement d'accord, parce qu'après tout par exemple le surréalisme voit les plus beaux jours de la métaphore, même si c'est sous une autre forme. Ca mérite discussion.

Lenora a dit…

mais, est-ce que c'est encore une métaphore, ou juste une image choc donnée pour équivalent d'une autre réalité, avec laquelle elle n'a plus grand chose en commun ? ça je n'ai pas encore réussi à trancher...

Anonyme a dit…

Disons une métaphore à la limite de l'oxymore ou du grand écart...