Je lis toujours le journal en retard, très en retard. Hier soir, j'ai lu Le Monde du 3 février, et en particulier cet article, de Mario Marazziti : porte-parole de la Communauté Sant'Egidio et confondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort. Voici le début de son article :
"Penthotal, curare, chlorure de sodium. Je te fais asseoir, je te paralyse, je te congèle. Une mort sans douleur ? La guillotine aussi devait "humaniser" la mort. Rapidité, précision. L'injection léthale devait procurer, enfin, la mort propre. Indolore. Pas comme le cyanure des chambres à gaz, avec sa mort lente par étouffement. Pas comme la lapidation, si archaïque et barbare, ou le peloton d'exécution, si imprécis. Pas comme la pendaise : la tête peut être arrachée, ou la mort plus lente. Tout cela paraît trop barbare, peu fiable. Pas comme la chaise électrique, qui parfois fait brûler la tête, ce qui n'est pas agréable à regarder. Les exécutions "s'humanisent" aussi pour ceux qui y assistent et pour ceux qui administrent la mort.
La première exécution par injection léthale s'est déroulée au Texas en 1982. Caroll Pickett, un pasteur méthodiste, a accompagné les 95 premiers condamnés à mort. Il m'a raconté qu'on fait des essais pendant un mois, qu'ils ont décidé de fixer le bracard au sol, s'étant aperçus que si le condamné se débat, il s'en va dans tous les sens. Et quelque fois, l'aiguille sort de la veine : c'est la raison pour laquelle on utilise les deux bras. L'un des deux est en réserve. Puis, tous s'arrête. Il n'a pas de réaction, pardois un demi-sourire. La respiration cesse. La réalité est tout autre. Une substance à base de curare paralyse les muscles, tandis qu'une autre congèle et détruit. Mais la sensibilité ne disparaît pas, seulement la possibilité de hurler et de se rebeller contre l'horreur. On a la sensation d'exploser de l'intérieur et on ne peut même pas crier. C'est ce qu'a expliqué le British Medical Journal".
Il m'a fallu quelques années au départ pour décider de ma position sur la peine de mort. Mais depuis sept - huit ans maintenant c'est fait. Pour moi, une société ne peut s'arroger le droit de vie ou de mort sur ses membres. Pour quoique ce fût. C'est trop facile, parce qu'après tout, elle a porté ce membre en son sein, une remise en question, fût-elle minime, s'impose donc toujours. Et c'est illégitime, avant toute autre considération...
Je ne peux pas vous donner le lien de l'article en entier, Le Monde a classé l'article en archives, et elles sont payantes, mais elles existent en tout cas. Par contre, voici le lien de l'organisation de Mario Marazziti : http://www.worldcoalition.org/index.html
3 commentaires:
Personne ne devrait en effet avoir le droit de peine de mort sur qui que ce soit. On peut se demander si accepter la peine de mort, ce n'est pas se mettre au niveau de celui, qui, par ces actes, la mérite.
janine
Il est d'importance capitale de prendre la peine de réactiver cette petite loupiote humaine, ce petit quelque chose qui nous lie inéluctablement à nos semblables. En parler, toujours et encore, car à tuer ainsi, c'est un peu de la réalité de notre société que nous tuons, c'est un peu de nous-mêmes que nous tuons ; c'est un peu un monde de morts-vivants que nous nous façonnons en acceptant la peine de mort.
J.
C'est un vrai problème, et je ne vois pas de solution. Je ne suis pas pour la peine de mort, mais la détention à perpétuité n'est-elle pas également inhumaine? Faut-il alors relâcher les criminels qui peuvent être dangereux et les laisser commettre de nouveau crimes? Je crois que l'homme peut s'amender, mais ce n'est hélas pas tojours le cas, car comment aider quelqu'un à s'amender s'il ne le veut pas?
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