mardi 1 mai 2007

au chapitre des contre-utopies.


Ca fait déjà un petit moment que j'ai lu ce livre, sans doute un an, mais tout de même, il reste en mémoire. Il marque dirais-je même. Never let me go, de Kazuo ishiguro est ce qu'on appelle une contre-utopie, un fantasme d'un monde, non pas meilleur, mais pire, qui aurait développé les aspects les plus noirs de la société qui sont, si on veut, en sommeil dans notre monde. C'est un reflet de nos peurs de ce qu'il peut arriver de pire au niveau social. Un exemple canonique : 1984 de George orwell, avec la négation de toute liberté d'expression, de tout travail artistique, l'autodafé géant de la culture. Bref, le black out total, tueur d'individualité pour mieux contrôler une population dès lors totalement dépourvue d'esprit critique. Et comment le pourrait-elle, sans lecture, sans culture, sans rien qui permette de mettre en perspective le monde dans lequel on vit ? En ce sens, la contre-utopie accomplit une réelle fonction de mise en garde, au sens où elle dit, ayez bien conscience de ce que représente ce livre que vous avez en main pour votre liberté, regardez ce que l'absence de livre provoque...

La contre-utopie de Never let me go, c'est un monde apparemment anodin, on ne voit pas ce qui cloche, on suit une femme qui se dit "carer", soignante, ou accompagnante de vie, si on veut, qui se remémore sa jeunesse dans une école anglaise, ses amis, se formation, l'homme qu'elle aime. Puis peu à peu les pièces se mettent en place, on comprend quelle est sa fonction dans ce puzzle. Assez inattendue. Et horrible, évidemment. enfin du point de vue éthique. Physique aussi à la fin, mais je ne veux pas casser le suspens de ce livre, car c'est ça qui y est passionnant, la façon dont on découvre à quoi servent ces jeunes adultes. La façon aussi dont ils acceptent leur destin, le trouvant presque normal, ou en tout cas, ils agissent, se font agir, plutôt, de façon totalement résignée. Never let me go, ce n'est pas une lutte contre la mort inéluctable, c'est chercher comment passer au mieux les derniers instants. Et c'est vraiment, vraiment, très beau. C'est un livre qui, lorsqu'on le referme, nous a rendu un tout petit peu différent de quand on l'a ouvert. Et il se dévore en plus...


Pour la référence sur le thème des contre-utopies, on a aussi l'excellent How i live now de Meg Rosoff, qui raconte comment un groupe d'ado d'une étonnante maturité survit dans une Angleterre qu'a gagné la guerre civile. Il est vraiment excellent. Et pourtant, j'ai passé l'âge de lire des histoires d'ado en goguette, mais là, c'est tout autre chose, c'est un livre merveilleux.
Et on a aussi, évidemment, le passage obligé presque, The handmaid's tale, de Margarett Atwood, qui, bien qu'évidemment très bon, m'a moins émotionnellement passionnée et impliquée. Là, c'était plus mon intellect que les talents de son auteur rendait admiratif.




Trois belles références en tout cas.




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